Nice. Février 1978.
Deux policiers arrivent au 99 boulevard Carnot. Un immeuble cossu et moderne qui domine la Baie des Anges.
Un serrurier, boîte à outils à la main, les attend sur place. Sur le palier du dernier étage, l’artisan perce la serrure de l'appartement et finit par la faire sauter à grands coups de marteau. L’homme reste sur le pas de la porte et laisse passer les deux agents de police. En poussant la porte d’entrée, celle-ci résiste légèrement. En baissant les yeux sur le sol, les agents découvrent un amoncellement de courriers, journaux et enveloppes fermées.
Il n'y a personne et tout semble en ordre. Cependant, les plantes sont desséchées. Une fine pellicule de poussière recouvre certains meubles et une forte odeur de renfermé donne à l’appartement une atmosphère étrange. Les enquêteurs comprennent très vite que personne n’a mis les pieds ici depuis un long moment.
Ils ouvrent les fenêtres et actionnent le répondeur qui se met à diffuser plusieurs messages, tous plus ou moins semblables : “Agnès tu es là ? Rappelle-moi s’il te plait”, “Agnès c’est Annie, on commence à s’inquiéter à la boutique. Qu’est ce qui se passe ?” , “Tout le monde t’attend pour le repas. Je te rappelle que c’est Noël. Maman commence à s’impatienter”. “Agnès c’est ta mère au téléphone, je m’inquiète pour toi. Où es- tu ?”
Les deux hommes font le tour du propriétaire. Les vêtements sont dans la penderie, les produits de beauté dans la salle de bain et les valises sont vides. En survolant le bureau un des inspecteurs remarque, bien en évidence, un message manuscrit pour le moins intrigant pour ne pas dire inquiétant :
“Désolé, je dérape. Ici se termine mon chemin. Tout est bien. Agnès.
Je désire que Maurice s’occupe de tout”
Avec ces mots, commence l’une des plus grandes énigmes judiciaires françaises. Une enquête sur plusieurs décennies où se mêle héritage, trahison, secret et mafia : l’affaire Agnès Le Roux.
Texte : Morgan Tatincloux
Voix : Michel Élias