Podcast Story • 04/07/2024 • 21 min
Le sol de la prison de la prison des Baumettes est tapissé de couvertures pour masquer le bruit des pas. Les gardiens réveillent le prisonnier puis le préparent. C’est assez long car il lui manque une jambe, il faut donc lui mettre sa prothèse. Il n’a sûrement pas dormi. Peut-être a-t-il somnolé. Peut-être pas. Ensuite il faut faire le chemin inverse. Personne n’a décroché un mot. Ce silence est assourdissant. Il écrase tout le monde. Le cortège suit le prisonnier jusqu’à l’avant-dernière pièce. Le prisonnier, Hamida Djandoubi, arrive près d’une table et s’assoit. Un gardien lui met dans la bouche une cigarette bout filtre, puis il se plaint que ses menottes sont trop serrées. Le gardien lui enlève les menottes. Le bourreau lui dit alors : « Vous voyez, vous êtes libre ! » Le prisonnier termine sa cigarette. On lui en donne une autre. A cet instant précis, Hamida Djandoubi comprend que cette deuxième durera le temps qui lui reste à vivre. Son visage change. Il est blême. Un autre gardien lui verse un verre de rhum. Il boit lentement. Il appelle ses avocats, échange quelques mots, remet un papier à l’un, puis lui demande de le déchirer, puis se ravise, l’avocat ramasse alors le papier déchiré. Il lui reste quelques gorgées. Quelques gorgées de vie. Il appelle l’imam, ils échangent quelques mots en arabe. Puis il demande une Gauloise ou une Gitane, ça fait plus de vingt minutes qu’on est là, tout le monde s’impatiente. Le bourreau dit : « On a été bienveillants, humains, mais là il faut en finir ! »« Ce sera ma dernière ! » supplie Djandoubi… Elle lui sera refusée. Il boit la dernière gorgée de rhum et tend son verre vide au gardien. L’assistant du bourreau sort une paire de ciseaux, coupe le haut de la chemise. Le bourreau fait signe que ce n’est pas suffisant. Alors l’assistant fait deux grandes coupes dans le dos. Pendant ce temps, le bourreau lui a lié les mains dans le dos à l’aide d’une cordelette. On lève le condamné. Une porte s’ouvre et on voit s’élever la guillotine. Les gardiens poussent le condamné vers la machine, l’allonge sur la table et dans quasiment la même seconde, la lame tombe! C’est fini! Le bourreau, Marcel Chevalier, vient d’actionner la guillotine pour la dernière fois de l’histoire de France.