Podcast Story • 04/07/2024 • 16 min
New York, 13 juillet 1977
Depuis 10 jours, une chaleur écrasante écrase la Grosse Pomme.
La température moyenne est de 36 degrés. Du jamais vu… pour l’époque.
Les ventilateurs et les climatiseurs tournent à plein régime et ne font que brasser l’air chaud et moite de la ville.
L’odeur des pots d’échappement, mélangée à celle des ordures qui suintent sur le bitume chaud, rend l’atmosphère encore plus irrespirable.
Quand le soleil se couche enfin, les buildings de Manhattan, les ponts du Queens et les néons des cinémas pornos de Times Square, scintillent comme des guirlandes de Noël.
Sur les trottoirs de Broadway, les prostituées font les rabatteuses entre les dealers de coke et les clochards camés jusqu’à l’os.
Le trafic est dense, comme toujours. Les taxis jaunes parcourent à grands coups de klaxon les avenues qui quadrillent la ville et s'enfoncent dans les tunnels qui mènent à Chelsea ou au New Jersey.
Sous terre, dans les rames de métro couvertes de graffiti, des milliers de new yorkais et de touristes parcourent la ville dans une chaleur étouffante. Les lumières qui clignotent rendent l'endroit encore plus glauque qu’il ne l’est déjà.
Si les journées sont insoutenables, les nuits sont tout aussi suffocantes.
Ce soir-là, au-dessus de la Statue de la Liberté qui illumine la baie, d’épais nuages noirs menacent. Un orage approche avec la promesse d’apporter avec lui un peu de fraîcheur. Une bonne pluie ne serait pas de trop.
Aux quatre coins de la ville, chacun vaque à ses occupations.
Dans son petit appartement miséreux du Queens qu’elle partage avec toute une colonie de cafards, Louise s’apprête à brancher son poste de télévision pour suivre le nouvel épisode de Happy Days.
David, 7 ans, découvre avec émerveillement le film événement de cette année 77, STAR WARS. La climatisation de la salle du cinéma de l’Upper East Side soulage les spectateurs bouche bée devant les effets spéciaux hallucinants.
En pleine campagne pour sa réélection, le maire de la ville, Abraham Beame, prononce un discours dans une synagogue du Bronx.
C’est alors qu’au nord de la ville, le long de l’Hudson River, plusieurs éclairs frappent une importante station électrique provoquant une cascade de réactions en chaînes.
Il est 21h34, New York tout entier s’éteint.
La ville qui ne dort jamais plonge dans les ténèbres.
Un black-out total qui, pendant 25 heures, va transformer New York en un véritable chaos urbain et plonger les New Yorkais dans une psychose infernale.