Les zombies peuplent le cinéma et les séries. Mais saviez-vous qu’avant d’être des héros de films d’horreur, ils ont bel et bien existé ? Et ils existent toujours !
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Février 1980. Commune de l’Estère, au nord-ouest d’Haïti.
Ce matin-là, un homme, la cinquantaine, l’air hagard débarque au village.
Si ses pas sont lents et hésitants, il semble pourtant bien savoir où il va. Personne ne le remarque. Nul ne prête attention à lui tant son apparence et son attitude sont fantomatiques. Clairvius, c’est son prénom, se dirige vers une maison. Il s’arrête devant, observe un moment la porte d’entrée. Pose sa main sur la poignée. Il connaît bien ce lieu. Il y a vécu tant d’années.
Mais c’était il y a longtemps. Il hésite un moment à ouvrir, mais se reprend. Finalement, son point se serre, sa main se lève. Il frappe trois coups secs contre la porte, et fait deux pas en arrière. Il entend des bruits à l’intérieur de la maison, puis une voix qui s’approche. La porte s’ouvre. Une femme apparaît. Elle le fixe et fronce les sourcils. Incrédule, son regard d’abord étonné dévoile une soudaine sidération. Elle ouvre la bouche mais rien n’en sort.
L’homme se présente, d’une voix d’outre-tombe monocorde, il donne son prénom et son nom : Je suis Clairvius Narcisse. La femme reste immobile, paralysée par ce qu’elle voit et ce qu’elle vient d’entendre. Elle tourne la tête doucement de gauche à droite en signe de négation, de refus. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas vrai. Angelina Narcisse ne peut pas croire qu’elle a en face d’elle son frère. Un frère disparu depuis 18 ans. La dernière fois qu’elle l’a vu, elle s’en souvient très bien. Il était mort.
Allongé dans son cercueil. Quelques jours auparavant Clairvius avait été pris de terribles douleurs au ventre et s’était mis à cracher du sang. Il avait été admis en urgence à l'hôpital américain Albert Schweitzer de Deschapelles, c’était au printemps 1962. Elle se souvient aussi avoir vu le certificat de décès de son frère. Il avait été signé par deux médecins. Alors non, son frère mort il y a 18 ans ne peut pas être cet homme qui se présente aujourd’hui à sa porte.
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Texte : Bertrand Bichaud
Voix : Eric Lange
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