Elle est arrivée il y a moins de 10 ans, et elle a tout changé. La société Uber transforme le monde, elle l’ «ubérise ». Histoire d’une entreprise, d’un succès, d’un concept…
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31 décembre 2016. Toulouse.
La ville brille de mille feux, les décorations de Noël illuminent les avenues, les places et les vitrines des magasins. Il fait nuit depuis déjà longtemps en ce début de soirée. Une nuit particulière bien sûr, la nuit du réveillon…
Ce soir, on s’amuse, on rigole, on, boit plus que d’habitude et les bulles font tourner les têtes.
Pourtant, comme chaque année, certains ne sont pas de la fête. Ils travaillent. Il y a des métiers comme ça ou l’on ne s’arrête jamais.
Des métiers aux services des autres.
David, 28 ans, marié, deux enfants, est de ceux-là. Il est chauffeur de taxi. Un métier qu’il adore, ça fait tout juste 3 ans qu’il a commencé. Sa licence lui a coûté un peu plus de 200 000 euros. Malgré son apport, il a dû contracter un emprunt sur 25 ans. Alors, pour lui, il n’est pas question de compter ses heures. S’il a décidé de travailler toute cette nuit, c’est qu’il sait qu’il y a de nombreuses de courses à réaliser.
Mais, étrangement, la soirée de David ne se passe comme prévu.
Habituellement, des dizaines de clients l’attendent lui et ses collègues place Wilson.
Normalement, du début de la soirée à la fin de la nuit, la place ne désemplie pas. C’est depuis toujours la nuit la plus rentable de l’année, tous les chauffeurs de taxi le savent bien.
Pourtant, ce soir il n’y a personne sur la place. Ou plutôt si, il y a du monde, des taxis, nombreux, qui attendent, seuls, sans clients. Le spectacle que David découvre alors, il ne l’oubliera jamais.
Il assiste à un véritable balai incessant de berlines noires, des voitures qui roulent doucement, comme glissant dans la nuit, allant et venant, le frôlant presque. Une macabre danse silencieuse qui lui glace le sang. À l’image de sombres monstres sortis de nulle part, apparus sans prévenir, venus lui voler son présent et son avenir. David ouvre sa portière, sort de sa voiture, dépité. Il s’assoit sur un banc, laisse tomber sa tête entre ses mains. Un collègue le rejoint. Ils restent tous deux prostrés, incapables de se parler. Impuissants, ils observent le manège interminable des fantomatiques berlines aux vitres fumées.
C’est le début de la fin pour David. Le début des soucis financiers qui vont provoquer de lourdes conséquences sur sa vie familiale. La fin de la vie et du métier qu’il aime tant.
Ce dernier jour de l’année 2016, la société Uber vient de lancer son offre à Toulouse. Pour David, la ville rose a perdu ses couleurs.
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Texte : Bertrand Bichaud
Voix : Eric Lange