Podcast Story • 04/07/2024 • 14 min
10 mars 1977. Palais de Justice de Nice. Il est 15h.
Sous bonne escorte, Albert Spaggiari, accompagné de Maître Jacques Peyrat, son avocat, est prié de «passer à table».
Spaggiari est un beau gars, brun et longiligne. S’il est auditionné aujourd’hui par un juge d’instruction c’est parce qu’il serait la tête pensante de l'un des plus beaux casses de l'histoire du banditisme français: celui de la Société Générale de Nice.
C’était le Week-end du 17 juillet 1976.
Le jeune juge Richard Bouazis veut tout comprendre et tout savoir de l'ouverture des coffres de la banque à l’aide de chalumeaux et de pieds de biche. Mais avant tout, il veut revenir sur son parcours dans les égouts de Nice. Le juge saisit mal le plan dessiné à la va-vite par Spaggiari. L'intéressé se lève: «Attendez, Monsieur le juge...». Il passe derrière le bureau, annote deux ou trois choses invérifiables, au-dessus de l'épaule du juge... Et en reposant son crayon, il lui souffle: «En souvenir de moi! »
En souvenir? Quel souvenir?
Soudain, Spaggiari ouvre la fenêtre et... saute!
Maître Peyrat qui pense que son client veut en finir, hurle.
Mais là point de suicide!
Albert Spaggiari a atterri sur le toit d'une voiture... à la manière des «paras».
L’impact du corps sur la tôle déclenche un gros boum!
Un complice, sur une moto, l'attend en bas. En quelques secondes, les deux hommes s'enfuient.
«J'ai eu des remords à trahir mon petit juge. Je l'aimais bien, le juge...» ironisera plus tard Spaggiari lors d'une de ses rocambolesques interviews payantes. Et le voilà parti pour 12 ans de cavale!