2 octobre 1833, Ardèche.
L’agitation règne dans le hameau de Peyrebeille.
Sur la place principale, à plus de mille mètres d’altitude, on a dressé l’échafaud pendant la nuit.
Depuis la veille, les gens affluent de toute l’Ardèche et des départements voisins.
Ils bravent le froid et cheminent à travers les prés et les forêts.
En cette fin de matinée, ils sont plus de quatre mille à se presser devant l’auberge de Peyrebeille.
Un violoniste joue sans relâche au milieu de la foule qui chante, danse et boit, ivre de vengeance.
Elle est là pour assister aux derniers souffles de ceux qu’elle surnomme « les monstres ».
Le bruit des sabots martelant le sol terreux se mélange bientôt à celui de la rumeur.
Escortée par d’autres spectateurs, une équipée apparaît dans un nuage de poussière. Des dizaines de gendarmes encadrent trois prisonniers. Les cheveux fraîchement coupés, pour bien dégager la nuque, ils sont enchaînés.
Texte : Manon Gauthier Faure
Voix : Michel Élias